Les verbes qui manquent, suite


CULTURE

Les verbes qui manquent, suite

Le rayon dictionnaire planture, par les temps qui courent, et les amateurs de mots en liberté seront heureux de butiner dans les rayons le Tome 2 des “Editions du Même Nom” qui vient enrichir le vocabulaire, ici comme de l’autre côté de la mer, d’une nouvelle cuvée de verbes inventés.

Tous ceux qui l’ont eu entre les mains ont adoré “Le dictionnaire des verbes qui manquent” et plus d’un, après s’en être régalé, lui a trouvé comme un goût de reviens-y, à l’instar de Mohamed Aïssaoui, chroniqueur du Figaro littéraire et récent Prix Renaudot qui l’a trouvé “drôle, à lire d’urgence et à compléter !”. Il n’en fallait pas beaucoup plus à l’équipe de fines plumes de Académie des Verbes en question pour récidiver.

Une bande de nostalgiques de la potacherie, qui ne manquent ni d’esprit ni de répartie. Ils trouvaient injuste, au départ, qu’un adjectif comme “pétulante”, par exemple, n’ait pas de verbe assorti. “C’était l’année dernière”, nous explique notre confrère David Chassagne au nom de ses petits camarades Kamboo, Grollier, Buttard et Sabatier qui, comme lui ont inventé l’académie et les verbes qui manquaient. “Emmanuel Kamboo nous a incités a créé un blog qui s’est avéré un véritable réceptacle de créativité. On voyait déferler des verbes de partout, hyper inventifs. Alors on a fixé une charte avec pour règle, notamment, une définition pour chaque proposition. Et puis un jour on s’est dit pourquoi ne pas faire un dico ?”. Tous d’accord pourvu qu’il soit petit, joli et pas cher pour entraîner, comme dit Kamboo, “un achat d’impulsion”.

L’art de tire-lariguer ou d’accumonceler les mots

Le genre d’objet tentant qu’on n’hésite pas à offrir en multiples exemplaires, après se l’être approprié. Après un gros travail de sélection (“les mails affluaient, il fallait choisir… environ 300 sur près de 1500 verbes récoltés”) le dictionnaire est sorti en 2000 exemplaires, il y a juste un an. Il est maintenant épuisé. Les académiciens, dans l’intervalle, ont peaufiné le tome 2 qui sort maintenant avec 260 verbes nouveaux, de “académir”(“débattre du beau et du bien collégialement et parfois en costume”) à “zzéder” (“avec deux Z pour avoir le dernier mot du dico”..) plus une annexe à connotation sexy (et donc interdite aux moins de 18 ans) avec des mots comme “clitorire” qui signifie “se stimuler en hilarant”… L’aventure se poursuit donc, pour le fun (“on ne prétentie pas, on se marre !”) avouent ces joueurs du verbe remarqués par la mère patrie au point qu’un éditeur connu pour son “humour de la langue”, Jean-Louis Chiflet, a choisi d’éditer les deux tomes en un, en format bouquin. “On a trouvé le premier tome formidable et on a eu envie avec le second d’en faire une édition nationale. Le résultat nous plait bien, on est très contents. Drucker l’a déjà présenté à “Vivement Dimanche”… et on espère bien continuer à travailler avec les Editions du Même Nom. Ça a l’air d’être un vrai bouillon de culture là-bas !”, nous confiait hier l’éditeur parisien sur Skype. On allait oublier les illustrations. Elles ont signées Boogie, le complice de Kid Créole qui s’était chargé d’enluminer le premier tome. Celui-là, tout doré, s’impose comme le cadeau idéal pour le moral et pour faire pétiller les fêtes de fin d’année.

Marine Dusigne, Journal de l’île de La Réunion, 20/11/2010

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